• Chapitre 5

    Chapitre 5


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    Dans une grande salle sombre, à peine éclairée par les rayons de la lune, on pouvait voir trôner un fauteuil de velours au sommet d'une haute estrade aux nombreuses marches d'escalier de pierre. Assis dessus, un homme enveloppé d'une longue cape noire semblait lutter contre l'ennui, la tête tenue par son bras posé sur l'accoudoir et le regard vide. Des pas retentirent, suivis d'un grincement de porte.

    L'homme quitta ses pensées pour voir qui était le coupable de ce raffut. Ce fut un jeune homme que l'on ne pouvait guère distinguer à cause du peu de luminosité de la pièce. Celui-ci s'avança jusqu'en bas des escaliers et se prosterna.

    -Monseigneur. Nous avons une information assez intéressante.

    L'homme assis sur le siège le fixa d'un air curieux.

    -Parle !

    Celui qui était prosterné leva légèrement la tête pour voir si personne d'autres n'étaient dans la salle. Il chuchota.

    -Nous ne savons pas si c'est une erreur mais une rumeur nous est parvenue à l'oreille comme quoi une jeune Inorays serait passée de niveau deux à niveau huit sans faire les autres niveaux.

    L'homme à la grande cape noire s'exclama en se levant de son siège.

    -C'est impossible voyons. En êtes-vous sûr ?

    -Nous en sommes sûrs, monseigneur

    L'homme, pensif, se remit sur son fauteuil.

    -Si vous l'apercevez, amenez-la moi. Si elle nous révèle son secret, cela pourrait nous être très utile...

    L'homme, à genoux, se redressa pour faire une révérence et s'en alla.

    ~~~

    Les rayons du jour me réveillèrent. Je n'avais pas encore la force d'ouvrir les yeux mais j'avais mal partout... Comme si mon lit s'était transformé en paille. Je me redressai difficilement et m'étirai en baillant. Après avoir repris un minimum de forces, j'ouvris les yeux.

    La première chose que je vis fut un mur en bois. Cela me suffisait amplement pour savoir que je n'étais pas chez moi. De plus, mon lit était réellement de la paille... La peur commençait à m'envahir lorsque je me rappelai que j'étais dans le jeu. Je me mis debout et cherchai la sortie. Je fus rassurée au moment où je vis un escalier en bois qui menait au rez-de-chaussée.

    Je me dirigeai vers lui en prenant mon temps. Je me souvins m'être demandée "Que pouvait-il m'arriver de pire ?" Et bien, être coincée dans le jeu, peut-être ? Je descendis les marches du petit escalier de bois et arrivai en bas. La lumière du jour inondait la pièce. Je vis un homme que je connaissais bien, assit sur une des trois chaises  en bois de la table en bois. Oui, tous les meubles de cette maison était en bois. Il grignotait une tranche de pain silencieusement.

    Ses yeux d'or, en apercevant ma présence, se tournèrent vers moi et me fixèrent comme s'ils me découvraient. Sa bouche finit par dessiner un très jolie sourire sur son visage. De sa main libre, il me montra une chaise vide, installée à sa droite, près d'une fenêtre.

    -Viens t'asseoir ! Veux-tu du pain ?

    J'hochai la tête d'une manière assez brusque ; j'étais affamée. Je pris volontiers le bout de pain qu'Éralius me donna et le savourai du mieux que je pouvais. Mon hôte lança un regard vers la fenêtre avant de commencer.

    -Je viens juste d'y penser mais... Tu dois avoir un entraîneur avec ton petit niveau, je me trompe ? A part si ça fait longtemps que tu "joues"...

    Ah oui ! Mon entrainement... Je l'avais totalement oublié. J'avais promis à Tolarys que je le rejoindrai aujourd'hui. Je fis un regard suppliant à Eralius pour lui faire comprendre que je devais y aller. Celui-ci ne m'en empêcha pas.

    -Ne t'inquiète pas. Je te laisse bien évidemment aller à ton entrainement. De toute façon, si je t'en empêchais, je pourrais me retrouver en prison... Mais laisse-moi t'accompagner !

    Bien évidemment qu'il pouvait m'accompagner... Je ne savais pas pour quelle raison mais je me sentais en sécurité avec lui. Au moins, je ne me referai pas attaquer par ces Altirys. Nous rejoignîmes l'endroit où Tolarys m'avait donné rendez-vous, c'est à dire dans l'une des rues qui menaient à la fontaine. Mon entraîneur n'était pas du tout en retard.

    Il m'attendait sagement, les bras croisés et le dos collé contre le mur d'un bâtiment qui me disait quelque chose. A ses pieds se trouvait une deuxième épée, car la sienne était déjà rangée dans un fourreau marron accroché à sa ceinture. Son sourire s'effaça lorsqu'il vit Eralius m'accompagner. Tolarys s'approcha de moi, les sourcils froncés et le regard étonnamment méfiant.

    -Bonjour Solène... Qui est ce paysan ?

    Eralius, par respect pour son rang, s'inclina devant Tolarys. Je ne savais pas qu'il était seulement paysan...

    -Mon nom est Eralius. Je suis paysan niveau 14. (il se redressa) J'accompagne exceptionnellement Solène pour vous dire que ce sera la dernière fois qu'elle viendra à son entrainement.

    Tolarys était bouche bée. Je me fis toute petite lorsqu'il me regarda avec un regard fusillant et apeuré.

    -Que... Quoi ?! J'ai mal compris ? Qu'est ce que vous mijotez, vous deux ?

    Eralius continua de répondre sans être intimidé.

    -Solène compte se rendre dans la Contrée des Altirys. Je ne peux pas la laisser y aller seule.

    Tolarys paraissait maintenant nettement plus choqué. Il me fixa de son air ahuri.

    -Tu as perdu la tête ou quoi ? La Contrée des Altirys... Mais que veux-tu y faire ?!

    Je soupirai et lui dis.

    -Je te l'ai déjà expliqué, Tolarys...

    Mon entraîneur comprit que c'était par rapport à notre conversation d'hier. Il n'avait pas l'air d'être plus réjoui.

    -Solène... Tu es devenue folle ?! Déjà tu ne peux pas te rendre là-bas sans avoir atteins le niveau 10 ni sans ton entraîneur... Sans oublier que, normalement, tu n'es que niveau deux.

    Je voyais qu'Eralius se posait quelques question. Heureusement, il préféra ne pas les poser et se contenta de lancer en direction de mon entraîneur.

    -Et pourquoi tu ne viendrais pas avec nous, toi ?

    Tolarys regarda Eralius un petit moment avant d'éclater de rire.

    -Tu me demandes ça car tu as peur d'enfreindre une loi, c'est ça ? Mais je pense que je n'ai pas le choix. Solène, tu es vraiment sûr de prendre un risque inutile au point de te faire tuer ?

    Oui, je voulais prendre ce risque qui pouvait ne pas être inutile. Mais pourquoi Tolarys avait-il dit qu'il n'avait pas le choix ? On était pourtant obligé de lui demander la permission avant de partir, il était en mesure de refuser et ainsi de nous empêcher d'y aller... Mon entraîneur était quand même étrange. Cependant, j'étais soulagée. Tolarys et Eralius m'accompagneront dans la Contrée des Altirys et m'aideront à trouver le mage pour que je puisse rentrer chez moi.

    Tolarys revint vers le mur où il avait laissé la deuxième épée par terre et la ramassa. Il me rejoignit et me donna ma nouvelle arme. Je la pris avec délicatesse et méfiance ; jamais dans ma vie, je n'avais touché à une épée. Je serrai fort le pommeau et retirai lentement le fourreau qui protégeait une lame d'une brillance éblouissante... En fait, c'était les rayon du soleil qui se reflétaient sur elle.

    L'épée n'était pas du tout lourde, comme on le racontait dans les écoles. Elle ne faisait pas le poids d'une plume mais je pouvais la manier sans difficultés. Mon entraîneur rigola.

    -On dirait que c'est la première fois que tu manies une épée... Quand tu as acheté ta première épée, tu n'as pas eu la curiosité de l’essayer ?

    Je fis non de la tête. C'était bel et bien la première fois que je maniais mon épée... Enfin, que je la maniais réellement.

    Tolarys ne répondit pas. Il m'emmena hors du village Inorays pour commencer mon entrainement. Il fallait avouer que j'avais hâte. J'allais apprendre à me battre avec une épée ! Eralius nous suivit et s'éloigna un peu de nous pour nous laisser travailler. Pendant qu'il s'asseyait dans l'herbe, Tolarys sortit son épée.

    -Bien, je vais commencer par t'apprendre l'attaque basique. C'est la plus simple à faire... Mais pour battre un Altirys, il te faudra en apprendre des plus compliquées. Regarde bien.

    Tolarys allongea son bras et plia son coude de façon à ce que son épée soit placée verticalement devant son visage. D'un geste rapide, il déplia et replia son bras. En effet, ça avait l'air très simple. Je le regardai faire encore quelques mouvements similaires jusqu'à ce qu'il me lance.

    -A toi. Tu vas voir, tu y arriveras sans problèmes.

    J'imitai Tolarys en mettant l'épée que je n'avais pas lâchée devant mon visage. Je passai à la phase "Attaque" en faisant les mouvements plus lentement mais plus gracieux. J'avais les bras très souples ; ce qui me donnait un avantage.

    -Super ! Par contre, fais tes attaques plus rapidement ou ton ennemi aura le temps de t'embrocher.

    Tolarys était fier de moi... Mais je n'aimais pas beaucoup son humour. Je l'écoutai et refis les mêmes gestes en faisant de mon mieux pour qu'ils soient rapides et que je puisse en même temps garder l'équilibre. Cette fois, j'avais enfin impressionné mon entraîneur.

    -Et bien, tu y arrives. Allez, maintenant, attaque-moi !

    Cette phrase ne me déplut pas. Avec un petit sourire qui cachait mal ma joie, je fonçai sur Tolarys en faisant mon attaque basique mille fois mieux qu'avant. J'y donnai toute mon énergie ; si je pouvais ne serait-ce que le toucher, cela me ferait le plus grand bien. Mais ce bougre bloquait absolument TOUTES mes attaques !

    -Haha, tu te bas comme une lionne. Mais ne te décourage pas si je me défends. J'ai eu un entrainement beaucoup plus long que le tien.

    Essoufflée, je fis une petite pause.

    -Tu pourrais au moins faire semblant d'avoir mal ! C'est ce que j'essaye de faire depuis tout à l'heure.

    Je regardai du coin de l’œil Eralius qui ne perdait pas une miette de ce que l'on faisait. Celui-ci se retenait de rire. Tolarys rangea son épée en soupirant.

    -Bien, notre entrainement est fini. Mais... Tu aurais dû le faire au niveau deux...

    Eralius se leva en demandant.

    -Elle n'est pas au niveau deux ?

    Tolarys me regarda en pensant que ce serait à moi de lui expliquer. Je n'en avais pas vraiment envie... J'avais déjà assez de problèmes comme ça.

    -Heu... Oui... Enfin non, je ne suis pas au niveau deux. Je suis au niveau huit mais... C'est un peu compliqué à expliquer.

    Il n'insista pas.

    -Ok. Bon, je vous laisse. J'ai quelques petites choses à acheter pour le voyage. 

    Je regardai Eralius s'en aller au loin. Tolarys se rapprocha un peu plus de moi et, après s'être mis derrière mon dos, m'entoura de ses bras imposants. Je voulus protester mais il  me murmura.

    -Tu ne m'as toujours pas dis comment tu avais fait pour passer de niveau deux à... Enfin, tu vois ce que je veux dire ? S'il te plait, je ne le dirai à personne. Mais il me faut savoir.

    Je lâchai un soupir. Mon entraîneur me libéra de son étreinte et attendit ma réponse. Devais-je lui montrer ma précieuse feuille ? Et si c'était l'élément qui me manquait pour qu'il me croie ? Je fouillai dans ma sacoche, qui était si petite que je ne m'étais même pas aperçue que je l'avais gardée, et la lui donnai. Tolarys me la prit des mains et jeta un œil dessus rapidement. Il s'exclama.

    -Mais où as-tu trouvé ça ?!

    Cette fois, s'il ne me croyait pas, c'était qu'il le faisait exprès !

    -Je l'ai trouvée chez moi... Enfin sur un blog... C'est grâce à un code que j'ai fait sur mon clavier... Enfin sur une machine, que j'ai pu passer au niveau huit... Mais surtout, ne parle à personne de cette feuille...

    Tolarys n'en croyait pas ses yeux. Je voyais bien qu'il était émerveillé et qu'il ne m'écoutait pas du tout.

    -Mais... Il y a tout pour battre les Altirys !

    Je lui repris la feuille des mains. Décidément, je ne pouvais pas lui faire confiance. Je remis ma feuille d'astuces dans ma sacoche et me dirigeai vers le village, énervée. Tolarys, qui devait être encore désolé pour sa maladresse, me suivit silencieusement. Il s'apprêtait à dire quelque chose lorsque soudainement des cris retentirent, suivis de coups d'épée. Des Altirys attaquaient encore le village ? Tolarys sortit instinctivement son arme.

    -Solène, va te mettre à l’abri ! Moi je dois y aller...

    Mon entraîneur se mit à courir vers l'endroit où provenait le vacarme. Moi, je préférai faire demi-tour pour justement me mettre à l'abri. J'aperçus alors Eralius qui, lui aussi, avait été alerté. Il portait un gros sac qui n'avait pas l'air d'être lourd. Il s'approcha de moi et me le tendit.

    -Tu sais où j'habite maintenant ? Rentre chez-moi avec le sac. Je reviens !

    Je sentis des regards attirés vers moi. Je tournai la tête et constatai que des Altirys s'intéressaient à moi. Je remarquai enfin que j'étais sur le territoire d'une nouvelle bataille et qu'on n'allait pas tarder à m'attaquer. Eralius le sentait. Pendant qu'il se jetait sur eux, je pris la fuite en direction de sa maison. Ma très bonne mémoire me permit de reconnaître un peu les lieux.

    J'arrivai devant une porte en bois qui était celle de la maison d'Eralius. J'entrai donc à l'intérieur et y déposai le gros sac sans me demander ce qu'il y avait dedans. Un cri me fit sursauter. Je regardai mon épée, que j'avais accrochée à ma ceinture, et me demandai si je devais la laisser ou m'en servir. Je choisis de la prendre au cas où. Je la sortis de son fourreau, décrochai celui-ci de ma ceinture et le posai sur la table puisqu'il me gênait pour marcher.

    Je sortis de la maison et découvris avec stupeur quelques cadavres ainsi qu'un jeune Inorays de mon âge qui courait dans ma direction, le visage effrayé. Je regardai au loin ; il n'y avait personne. Je commençais à croire que je n'étais pas la seule personne bizarre ici. En espérant l'arrêter, je lui criai.

    -Hey, qu'est ce qu'il se passe ?

    Je n'eus aucune réponse. Le garçon disparut en quelques secondes sans même que j'aie le temps de voir comment il était. Je m'apprêtai à retourner chez Eralius lorsque j'eus l'impression d'être épiée. Je regardai autour de moi ; toujours personne. Je sentis alors que l'on me prenait les mains et qu'on me les mettait derrière le dos. Je n'avais même pas le temps d'avoir peur qu'un poignard faillit érafler ma gorge.

    Je ne pouvais pas tourner ma tête. Je risquais de me faire égorger. Je sentis un souffle chaud me murmurer.

    -C'est toi la fameuse gamine qui est passée au niveau huit ?

    Des sueurs commencèrent à dégouliner le long de mon visage. Je ne pensais pas qu'un simple code de triche pouvait m'attirer autant d'ennuis. Pour l'instant, le mieux à faire était de ne pas mentir...

    -Oui.

    En entendant ma réponse, d'autres Altirys, qui étaient tous des hommes, sortirent de nulle part et apparurent devant moi. Il y en avait quatre mais en comptant celui qui était derrière-moi cela faisait cinq Altirys. Justement, ce dernier enroula une corde autour de mes poignets et la serra assez fort. Ça me faisait mal mais je préférais ne rien dire. Je tenais un petit peu à ma vie.

    -Je pense que c'est elle. Emmenez-la !

    "Que c'est elle" ? Comment avait-il été mis au courant de mon changement brusque de niveau ? Un autre Altirys demanda.

    -Et si c'est la mauvaise personne ?

    La réponse qui arriva ne me plut guère...  Ou plutôt... Ne me plut pas du tout.

    -Alors vous la tuerez.

    Ma respiration s'était presque arrêtée. Dans quelle galère m'étais-je encore mise ? Je n'avais pas intérêt à les embêter. L'Altirys qui était derrière-moi, me poussa violemment pour que j'avance. Je ne savais pas où j'allais... Mais il était facile de deviner qu'un groupe d'Altirys se dirigeait naturellement vers la Contrée des Altirys.

    Certes, j'allais vers l'endroit me permettant de retrouver le mage qui m'avait envoyé ici... Par contre, je n'étais pas sûre d'y arriver encore vivante. Nous marchâmes vers l'extérieur du village. L'on pouvait toujours entendre les hurlements de ceux qui se faisaient attaquer... Mais, bien évidemment, il n'y avait personne pour me secourir.

    Nous arrivâmes devant un grand mur en pierre. Pour être plus précise, celui-ci n'avait pas l'air d'avoir de limite. On ne pouvait pas en voir le bout. Au centre était accrochée une étrange tablette noire de la taille d'une feuille de papier A4. L'un des hommes posa sa main dessus. Le mur produisit un effet de lumière blanche qui laissa ensuite apparaître une grande porte de bois.

    Ce ne pouvait être que de la magie... Mais non, la magie... On n'en voyait que dans les jeux ! Et pourtant, j'étais bel est bien dans un jeu... La grande porte s'ouvrit et quelqu'un me poussa pour que je continue d'avancer. J'essayais de ne pas tomber ; marcher avec les mains attachées derrière le dos était très difficile...

    La première chose qui m'étonna était que le paysage ressemblait beaucoup à celui de la Contrée des Inorays. La seule différence était que l'on se trouvait en pleine forêt. Enfin... Je supposai que nous étions dans une forêt puisqu'une multitude d'arbres nous entourait. Nous continuâmes de marcher jusqu'à atteindre un endroit ensoleillé où le sol était fait de pavés et où quelques maisons en bois et en briques blanches remplaçaient les arbres.

    Ma peur avait disparu... Ou plutôt elle s'était faite remplacer par de la curiosité. Et puis, dans le fond, je me sentais protégée par ces quatre Altirys autour de moi... Même si je devrais plutôt me méfier d'eux, a vrai dire je ne savais pas vraiment comment réagir. Maintenant, nous avions atteint un terrain qui ressemblait à de fins gravillons mélangés au sable. Devant moi se dressait une immense habitation de pierres, semblable à un manoir ou un petit château, et composée de fenêtres alignées sur quatre étages. le toit plat était entouré d'un petit mur que je n'arrivais pas à distinguer. Nous nous arrêtâmes devant une gigantesque porte de bois.

    Était-ce le château des Altirys ? Deux des quatre hommes qui me surveillaient ouvrirent la porte et nous laissèrent passer. L'intérieur n'était pas terrifiant, heureusement. Ce n'était pas un château comme on les voyait dans les films ou les jeux d'horreur. C'est à dire sombres, remplis de toiles d’araignées et de tableaux, poussiéreux... Mais ce n'était pas non plus le château de Versailles. Non, c'était seulement deux longs couloirs ; l'un allant vers la droite, l'autre continuant tout droit.

    Nous prîmes celui de droite. Les fenêtres alignées laissaient entrer les rayons de soleil qui, eux, se reflétaient sur le carrelage blanc et donnait ainsi un éclat de lumière blanche. Sur la gauche étaient placées quelques portes de bois. Entre chaque espace vide étaient ordonnées des armures complètes de chevalier. Je ne pouvais pas savoir s'ils étaient vivants ou non.

    Nous arrivâmes au fond de ce couloir. Une grande porte en bois nous empêchait d'accéder à ce qu'il se trouvait derrière. La peur recommença à m'envahir. Je n'avais aucune envie de savoir justement ce qu'il s'y trouvait. Malheureusement, l'un des deux Altirys restant ouvrit la grande porte qui grinça. Je n'arrêtais pas de regarder autour de moi au cas où un danger arriverait.

    La porte menait en fait à une grande salle plutôt vide. Seulement deux ou trois fenêtres permettaient à la lumière du jour d'éclairer. Cependant, il y avait bien plus de monde qu'ailleurs. L'on me fit m'arrêter une fois que j'arrivai au pied de quelques marches en pierre. Je levai légèrement la tête pour savoir ce qu'il y avait au-dessus de ce drôle d'escalier.

    Je vis d'abord un fauteuil de velours violet et noir, puis un homme d'une quarantaine d'années que je m'empressai d'observer. Il avait la peau assez mâte et robuste, une coupe au carré accompagnée d'une frange noire trop propre, trop lisse, trop parfaite. Pourtant je trouvai le rendu ridicule qui rappelait les anciens rois du moyen âge. Une petite barbe noire recouvrait sa mâchoire, et était accordée à ses yeux d'une couleur similaire.  Il était habillé d'une longue cape couleur jais avec des vêtements sur le même thème... Cet homme qui me fixait avec son air blasé et sa tête appuyée sur son bras en soupirant de temps à autres ne devait pas rigoler beaucoup... Pourtant il me semblait déjà l'avoir vu quelque part...

    L'on me prit soudainement par les cheveux et l'on m'obligea à me mettre à genoux. Je supposai alors que ce devait être le chef des Altirys. Mais quand même... Ils pouvaient y aller plus doucement ! Je vis l'un de mes kidnappeurs mettre un genoux à terre et dire.

    -Maitre, c'est elle !

    Je me permis un petit regard vers le "chef". Celui-ci paru un petit peu plus réjoui de ma présence. Sa voix rauque résonna à travers la pièce.

    -Parfait... Dis-moi, jeune Inorays... Quel est ton secret ?

    Cette voix... J'étais maintenant sûre de l'avoir déjà entendue... Bien sûr, dans mes rêves ! Pourtant, je ne faisais pas de rêves prémonitoires en général... C'était tout de même étrange. En plus, je ne savais pas vraiment ce qu'il voulait dire par "mon secret". On ne se connaissait même pas, qu'est ce que j'aurais pu lui cacher ? Mais un pressentiment me disait que la situation allait très probablement empirer prochainement.

    -Quoi ? Quel secret ?

    Je reçus un coup violent sur mon épaule, provenant du coude de l'Altirys qui me surveillait. Le chef des Altirys demanda en fronçant les sourcils.

    -Vous êtes sûrs que c'est la bonne ?

    L'Altirys prosterné confirma.

    -Oui monseigneur. Elle est bien niveau huit et ne sait pas se servir d'une épée.

    Il lui montra une arme dont la lame scintillait au soleil. Je regardai à son fourreau ; la sienne y était toujours... Et la mienne... Il me semblait l'avoir prise avec moi mais alors... Ça voulait dire qu'il avait MON épée dans ses mains ?!

    Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit que le chef me regarda d'un visage crispé. Je ne savais pas s'il se forçait à ne pas se mettre en colère... Ou s'il se forçait à ne pas rire, mais dans les deux cas je n'étais pas à l'aise. 

    -En effet. Ça doit être elle...  Bon, l'Inorays, ne fais pas l'ignorante. J'ai appris que tu étais passée de niveau deux à niveau huit d'un coup... Ce qui est à ma connaissance impossible. Alors réponds, comment as-tu fait ?

    Son ton était menaçant. Mais je n'étais pas intimidée pour autant... Après tout, ce n'était qu'un personnage de jeu.

    -Et je peux savoir comment vous l'avez appris ?!

    Le chef haussa un sourcil comme si ma question était idiote, mais me répondit sans attendre.

    -Les informations passent de bouche à oreille. Mais n'essaie pas de me faire perdre mon temps, ou ça ira très mal pour toi. Si tu veux avoir la vie sauve, contente-toi de me dévoiler ton secret immédiatement !

    Oulah, son ton devenait de plus en plus menaçant... Je ne savais plus quoi dire ni quoi faire. Je ne pouvais pas leur révéler l'existence de ma feuille d'astuces, quand même. Le chef, voyant que je ne parlais pas, s'impatienta.

    -Tu sais ce qui t'attends, Inorays. Alors pourquoi garder le silence ?

    Je levai les yeux vers lui et osai le regarder droit dans les siens.

    -Et qu'est ce qui m'attend ?

    Je me sentis un peu bête devant les rires soudains des autres. J'avais bien le droit de poser des questions quand même. Seul leur chef ne souriait pas. Il me prenait surement lui aussi pour une idiote. Justement, il se leva de son fauteuil. Sa cape fouetta le sol pour demander le silence.

    -Ce qui t'attend est la mort.

    Ah oui. Là, ça devenait moins drôle. Mourir dans un jeu ? L'idée était peut être bonne mais ne me convenait pas tout à fait... Ma peur parla à ma place.

    -Si vous me tuez... Vous ne connaîtrez jamais mon secret !

    Le chef se réinstalla sur son fauteuil en haussant les épaules.

    -Peut importe. Si toi seule peut le faire, j'oublierai cette histoire.

    Là, il allait un peu loin... Tant pis, si je voulais vivre, je devais mentir.

    -Je... Je ne suis pas la seule à savoir le faire !

    J'avais gagné la partie. Le chef soupira, fit un geste de main et réadopta sa posture de roi blasé. Le garde qui me tenait fermement s'éloigna légèrement. J'aurai au moins la vie sauve mais... Je supposais que je n'aurai pas ma liberté. Je me fouillai à la recherche de ma sacoche en espérant que ma feuille d'astuces était toujours à l'intérieur. J'avais beau fouiller, je ne sentais rien. Je jetai alors quelques regards discrets sur moi pour voir où je l'avais mise... Ho, j'espérais que l'Altirys qui avait pris mon épée n'en avait pas profité pour me prendre ma sacoche...

    Je jetai un regard vers lui. Heureusement, il n'avait que mon épée... Je l'avais peut être oublié chez Eralius... Ah, Eralius... Si seulement, il était là. Le chef des Altirys lança en guise de réponse à mon mensonge.

    -Alors, emmenez-la à la salle de torture. Je veux qu'elle avoue !

    Tout de suite les grands mots... J'étais vraiment très mal barrée. Ma respiration augmenta, je ne voulais pas qu'on me torture... D'après ce que j'avais appris sur internet, ce n'était pas super agréable...

    -Non !!!

    Les deux Altirys qui m'avaient emmené ici m'obligèrent à me relever et me prirent par les bras en direction de la sortie. Au moment où ils atteignirent la porte, celle-ci s'ouvrit, laissant place à un homme au courage extraordinaire... Laissant place à mon héros. Je murmurai, soulagée.

    -Eralius...

    Les Altirys qui étaient dans la grande salle ouvrirent de grands yeux. Le chef se leva de son fauteuil, surpris, et fit quelques pas en avant en lançant un regard malveillant à ses soldats.

    -Comment un Inorays a-t-il pu s'introduire jusqu'ici... Je peux savoir qui surveille le château ?!!

    Les Altirys se regardèrent entre eux. Eralius sortit son épée au moment où ils se jetèrent sur lui. Enfin, moi, on me tirait toujours pour m'emmener en salle de torture. Je criai dans sa direction pour lui faire comprendre qu'on ne m’emmenait pas dans un bel appartement.

    -Eralius !!!

    Mon sauveur fit attention à moi. Il esquiva quelques attaques des Altirys et courut dans ma direction. Mes deux gardes me lâchèrent en sachant qu'ils allaient se faire attaquer. Ils sortirent leur épée et l'attaquèrent. Eralius bloquait leurs attaques avec une rapidité et une agilité qui me laissèrent bouche bée. Il recula petit à petit vers une fenêtre en me faisant signe de le suivre. Arrivée près de la vitre, il lui donna un coup d'épée franc et la fracassa en mille morceaux.

    -Sors d'ici et cours !

    En voyant le chef qui avait donné l'ordre de m'arrêter une fois de plus, je regardai à travers la fenêtre. Heureusement qu'elle n'était pas haute. Je sautai à travers en priant de ne pas avoir de mauvaise chute. J'atterris à quatre pattes dans le gravillon sans grandes douleurs. Plus de peur que de mal, comme on dit.

    Je voyais déjà la grande porte de bois s'ouvrir et quelques hommes en sortir. Je me relevai et me mis à courir comme je pus. J'arrivai vers un village. Malheureusement, d'autres Altirys essayèrent de m'arrêter en voyant que que je n'étais pas des leurs. Je continuai de courir tout droit.

    Je vis alors un assez grand trou rond devant moi. Il y avait une sorte de plaque d'égout à coté. Sans trop y faire attention, j'essayai de sauter au dessus. Mon cœur fit un bond lorsqu'une main attrapa ma jambe et m’entraîna dans le trou. Je tombais alors dans deux bras musclés qui me reposèrent à terre. Une main m'aida à me relever. Il faisait soudainement noir ; la plaque d'égout avait été remise.

    Je ne voyais rien. Ou si ; juste trois silhouettes... En fait, j'arrivai à distinguer les formes grâce à une sortie un peu plus loin qui permettait d'éclairer au minimum. Une voix résonna.

    -On peut savoir ce que tu fais ici ?

    Une autre voix lui répondit.

    -C'est une Inorays. Rends-la Wen !

    Une troisième voix rajouta.

    -Elle n'a rien sur elle. Je doute même qu'elle soit niveau 10... Que fait-elle dans notre Contrée ?

    La première voix fit taire les deux autres.

    -Taisez-vous. Elle va s'expliquer. Déjà, qui es-tu, petite Inorays ? Et que fais-tu ici ? Je suppose que tu n'es pas venue de ton plein grès.

    Devais-je leur raconter ? Ils m'avaient sauvé, je leur étais reconnaissante. Je leur expliquai donc pourquoi on m'avait enlevé et ce qu'il s'était ensuite passé. Mon récit en avait laissé plusieurs sans voix.

    -Je ne pensais pas qu'on pouvait passer de niveau deux à niveau huit...

    La "deuxième voix" ne savait que répondre. Ce fut la dernière qui conclut.

    -Tu es vraiment courageuse d'avoir résisté au chef... Nous, on ne l'aurait pas fait avec le vôtre. Bon, on va t'aider discrètement à rentrer dans ta contrée et...

    J'étais maintenant habituée à la sombre obscurité qui régnait. J'arrivais à distinguer les formes des trois Altirys devant moi. Mais... Il y en avait une quatrième derrière eux ! Pourtant, il me semblait bien n'avoir entendu que trois voix...

    "Voyons les gars, vous faites de la traîtrise ? Ce n'est pas très bien ça !"

    Les trois Altirys se retournèrent en sursautant. Leur corps commençait à trembler, comme s'ils avaient soudainement peur. Le plus courageux d'entre eux tenta d'expliquer.

    -M... Maitre, nous voulions juste la ramener dans sa Contrée... C'est une femme avec un bas niveau... Elle n'est pas une menace pour nous.

    Le nouvel arrivant se mit exactement à l'endroit où la lumière passait le mieux. Je pus donc distinguer son physique.

    Mes yeux s'ouvrirent lorsque je découvris sa beauté. Il avait des cheveux noirs ébouriffés, des yeux verts éclatants à demis caché par une frange du même style qui retombait en mèches sur son visage. Il avait l'air d'avoir mon âge et portait des habits violets qui étaient cachés par une cape noire dont le bout était un long col. Sa voix claire était celle d'un jeune adolescent ayant à peine mué. Je n'avais jamais rencontré un garçon aussi parfait physiquement, je le trouvais magnifique.

    Mon cœur commença soudainement à battre. C'était une sensation que je n'avais jamais eu auparavant. Est-ce que je venais de tomber amoureuse ? Cet être pur s'approcha de moi en me dévisageant. Après cela, il esquissa un sourire qui me fit rougir. Sa voix de cristal rompit le silence qui s'était formé.

    -Pas une menace ? Elle risque quand même de le devenir... Je vais la ramener au château.

    Personne ne protesta... Pas même moi. En vérité, je voulais protester. Je n'y arrivais pas. Ses doux yeux verts irréels m'ensorcelaient et me redonnaient confiance. Il me prit la main et m'emmena hors de cet endroit. En arrivant dehors, je fus surprise de constater que c'était une grotte et que nous étions en pleine forêt.

    Celle-ci me semblait calme et le soleil était légèrement caché par les arbres fruitiers. Je me demandai si cet homme ressentait le même sentiment que moi... Non, évidemment il ne m'aimait pas. Sinon, pourquoi me ramènerait-il au château ? Mon ventre gargouilla. Je ne savais pas quelle heure il était mais j'avais faim. L'Altirys tourna la tête vers moi ; ce qui me fit rougir. Il s'arrêta un instant pour cueillir une pomme et me la donna.

    -Tu dois avoir faim.

    Je n'allais pas refuser cette attention. Par politesse, je lui répondis en bafouillant.

    -Heu... Merci !

    En guise de réponse, il me sourit. J'étais rouge comme la couleur du fruit. Cependant, je m'empressai de croquer dedans avec appétit. Je constatai alors que l'Altirys n'avait toujours pas lâché ma main mais je ne lui fis pas remarquer afin d'en profiter au maximum. Nous arrivâmes devant un étang. Le soleil se reflétait dans l'eau. J'avais le cœur serein. Je ne m'inquiétais même pas de ce qui allait m'arriver lorsque je retournerai au château.

    -Veux-tu faire une petite pause, jolie Inorays ?

    Il me trouvait jolie ? Je crois que j'étais en train de fondre littéralement, et cela devait se voir sur mon visage. Je fis un "oui" maladroit de la tête. L'Altirys rigola et s'assit au bord de l'étang en m'invitant à faire de même. L'eau était calme. Ma main était toujours dans celle de mon partenaire... J'étais au paradis. Je ne pensais pas que je vivrais un moment pareil  alors que j'étais sur le point d'être torturée il y a quelques instants...

    L'Altirys me fixait, je le sentais. Je tournai la tête vers lui et le dévorai, moi aussi, du regard. Sa bouche s'ouvrit pour parler.

    -Quel dommage qu'une jolie fille comme toi appartienne à la tribu des Inorays.

    Je baissai les yeux.

    -En fait, je n'ai pas choisi dans quelle tribu j'allais être.

    L'Altirys soupira.

    -Je n'ai pas envie de te livrer à... Au chef... Mais tu dois le comprendre. Je n'ai pas le choix.

    Je lui répondis sans réfléchir.

    -Si ! On a toujours le choix !

    J'étais stupéfaite de ma réponse. Je regardai comment mon compagnon allait réagir. Il paraissait penseur. Je me rapprochai un peu plus de lui et, sans le savoir, ma tête toucha son épaule. Je voulu instinctivement la retirer mais l'Altirys me la retins et me la caressa de sa main douce et chaude. C'était un si beau moment, j'aurais tellement aimé que ça dure... Mais au bout de quelques minutes, il soupira avant de se lever.

    -On va y aller...

    Une fois de plus, je n'arrivai pas à protester. Il m'aida à me relever et nous continuâmes notre chemin. Un moment, je crus entendre des pas différents des nôtres... Mon compagnon les entendit aussi et sortit son épée en s'arrêtant. Je vis alors une silhouette qui nous barra la route. Je souris lorsque je reconnus mon entraîneur.

    -Tolarys !

    L'Altirys s'approcha du nouvel arrivant.

    -Encore un Inorays ? Et bien, la pêche aura été bonne aujourd'hui.

    Il s'apprêta à l'attaquer lorsqu'une autre personne venant de je ne sais où atterrit sur lui, le faisant tomber sous son poid. Je reconnus de suite Eralius et regardais en hauteur pour savoir d'où il nous attendait. Une branche d'arbre assez solide était au-dessus de nous. Il avait donc grimpé sur elle pour tomber sur cet Altirys... Tolarys venait de sortir son épée et s'apprêtait à lui donner un coup mortel lorsque d'autres pas retentirent.

    Tolarys rangea son arme et Eralius se releva d'un seul bond.

    -Viens Solène, on s'en va !

    Nous nous mîmes à courir pour échapper au groupe d'Altirys qui venait d'arriver. Tolarys s'exclama.

    -Dépêchons-nous de rejoindre notre campement avant que ces Altirys ne le découvrent !

    Je demandai, stupéfaite.

    -Vous avez eu le temps d'installer un campement ?

    Mon entraîneur hocha la tête en continuant de courir.

    -Heureusement, nous nous sommes rapidement aperçus de ta disparition et nous t'avons suivi jusqu'au château... Pendant qu'Eralius essayait de te sortir de là, je me suis dirigé vers la forêt et me suis permis d'installer nos affaires en pensant que l'on ne sortirait pas d'ici aujourd'hui.

    Nous arrivâmes après une longue course interminable dans un endroit disons... typique de la forêt où une tente avait été installée. Tolarys regarda le soleil qui se couchait.

    -Nous ferions mieux de dormir. Solène, reste dans la tente. Si tu as faim, j'ai déjà rassemblé quelques fruits. Eralius et moi on va essayer d'en trouver d'autres.

    C'est ce que je fis. J'entrai dans ce grand tissus blanc installé de façon à former une forme de triangle et découvris un petit panier rempli de divers mets appétissants.

    Après m'être rassasiée, je découvris ma sacoche dans un coin de la tente. Voilà qui me soulageait, je l'avais donc bien laissée chez Eralius ! Je m'allongeai en m'étalant sur le sol et fermai les yeux. J'étais exténuée. Je repensai au moment où ce bel homme m'avait touché la main, notre promenade puis notre séparation forcée. Je tressaillis. Si ce groupe d'Altirys n'était pas arrivé, Tolarys et Eralius l'auraient tué... Je m'endormis en me disant que tout allait bien. Que cet Altirys était sans doute chez lui, dans une maison de bois, en dormant sur de la paille....

     

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