Chapitre 1

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Je fixai une dernière fois mes parents me faire des gestes d’adieu. La voiture Citroën noire démarra dans un énorme grincement et en l’espace d’une seconde, je ne vis plus qu'un petit chemin en béton encore envahi par la fumée du pot d’échappement. Le vent soufflait, faisant virevolter mes cheveux bruns. Ça y est, ils étaient partis pour quelques semaines travailler à l’université de Tourne, à Beauvais. Cependant ils m'avaient promis de revenir avant les vacances.

Mes parents me faisaient entièrement confiance. Après tout, j’avais seize ans. J’étais assez grande pour me débrouiller toute seule. Ils ne pouvaient pas m’emmener avec eux pour des raisons que je n’avais jamais comprises.
 
J’aurais très bien pu aller avec ma grand-mère qui n’habitait pas très loin. Malheureusement, chez elle, c’était la campagne. Et je détestais par-dessus tout l’odeur du foin et des vaches ! Donc, même si ce que mes parents venaient de faire était interdit et peut être même puni par la loi, j’étais entièrement d’accord pour rester seule ici.

Un gargouillement me rappela qu'il était temps de me préparer à manger. Je regardai une dernière fois devant moi, histoire de me rassurer que j’étais bel et bien seule. Rassurée, je me retournai et, après avoir serré la poignée de métal extrêmement fraîche d'une main tremblante, j'ouvris la porte très lentement, le cœur battant.

Je restai figée durant quelques secondes ; le silence me donnait la chair de poule. Cependant, il fallait bien que je m’y habitue ! J’aspirai un bon coup et me dirigeai vers la cuisine en traversant un petit couloir assez sombre. Arrivée là-bas, j’ouvris l'un des nombreux placard en bois pour en sortir une boîte de petits pois. J’adorais cet aliment ! Je le préparai pour ensuite me mettre à table et le déguster. Malheureusement, le téléphone m’obligea à quitter mon assiette pour aller décrocher…

-Allô ?

Une voix que je reconnaissais que trop bien me répondit.

-Solène ? Alors, tu es enfin toute seule ?

C’était ma meilleure amie ; Julie ! Elle et moi étions inséparables. Je la connaissais depuis la primaire et nous ne nous étions jamais quittées depuis.

-Et oui ! Mes parents viennent juste de partir… Bon, ça ne te dérange pas si je te laisse ? Je n’ai pas encore fini de manger et j’ai mes leçons à réviser…

Julie avait vraiment l’air déçu. Mais je ne voulais pas m'attarder avec elle. Après tout, nous nous voyions presque tous les jours.

-Ah… Bon, alors à demain ?

Je soupirai et lançai, avant de raccrocher et de finir de manger…

-A demain !

Je me dirigeai vers ma chambre et me plongeai dans mon cahier de cours. Je n’arrivais même pas à comprendre ce que j’écrivais… Toutes ces années d’école à finir… Je n’y arriverai pas ! Si seulement je pouvais sortir de cette chambre, de cette maison, de ce monde ! Si je pouvais donner un sens à ma vie, rien qu'un petit espoir qui me permettrait de me lever avec ce sentiment de renouveau qui pénètre en nous lorsqu'un événement se produit. Ce serait un rêve... Mais les rêves ne se produisent que la nuit, au moment où notre corps reprend des forces.

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Une étrange musique se mit à résonner dans ma tête. Je n’y fis pas attention et continuai mon rêve tranquillement. Cette musique devint soudainement plus forte et plus distincte. Une sorte de "biip biip". Je luttai pour rester endormie en vain ; mon rêve se matérialisa pour laisser place au noir absolu. J’ouvris tout doucement mes yeux et m’étirai un long moment. Je cherchai alors le coupable de cet horrible désastre avec une envie de vengeance. Un objet attira mon attention : mon réveil ! Je tendis mon bras en serrant mon poing et frappai fort dessus. Bon, la musique s’arrêta mais par contre, "six heures et demie" était encore affiché. Qu'est ce qu'il pouvait être solide ce tas de plastique !

Je me levai, me dirigeai vers la salle de bain et fis ma "petite toilette". Une demi-heure après, je descendis à la cuisine pour déjeuner. J’avais encore l’impression d’être endormie, pourtant je m'étais couchée assez tôt hier soir. Bon, ce n’était pas bien grave car je rattrapai souvent mes nuits en classe ; ce qui ne m'empêchait pas d'avoir de bonnes notes.

Après avoir bien pris le temps de déjeuner, je pris mon sac bleu Adidas, sortis de la maison et marchai assez vite pour ne pas être en retard au Lycée. J’avais hâte de retrouver Julie ainsi que l’une de mes amies ; Claire. Celle-ci ne traînait pas toujours avec moi mais elle était là lorsque j’avais besoin d’elle. C’était une vraie amie qui ne faisait jamais de mauvais coups à personne ! De plus, je l’admirai pour ses connaissances en informatique. Elle m’avait même avoué que, plus tard, elle souhaitait devenir informaticienne. Ça ne m’avait pas du tout étonné, d’ailleurs ! Moi je ne savais pas encore ce que je voulais faire… Mais il fallait que je commence à me décider ; il ne me restait pas beaucoup de temps pour choisir un métier !

J’arrivai à l’entrée du Lycée. Je sortis ma carte d'étudiante et la montrai à la surveillante. Celle-ci me laissa entrer. Arrivée dans la cour, je cherchai Julie et Claire des yeux. Victoire, j’aperçus une fille du même âge que moi qui avait des cheveux blonds mi-longs attachés en queue de cheval haute et des yeux d'un bleu mer. C'était ma meilleure amie. Elle était en train de discuter ou plutôt de "draguer" un garçon ! Je me dirigeai vers elle et lui sautai au coup.

-Ahhh Solène ? Bon sang, tu m’as fais peur !

J’éclatai de rires. Le garçon qui était là il n’y avait pas moins de cinq secondes venait de disparaître soudainement. Heureusement, Julie avait l’air de s’en ficher. J’étais prête à commencer la conversation lorsque la cloche sonna. Découragée, je me dirigeai vers mon rang, suivie de mon amie. Le cours allait commencer ; moi j’allais dormir !

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Après une habituelle mauvaise journée de Lycée...

La sonnerie de la fin des cours sonna. Julie s’était inquiétée pour moi toute la journée au sujet de mes parents. Elle m’avait même proposé de venir habiter chez elle le temps que ceux-ci reviennent. Ça ne m’aurait pas déplu… Mais je ne voulais en aucun cas déranger ses parents ! Et puis, il fallait que je m’entraîne pour plus tard ; quand je ferai mes études loin d’ici et que je serai seule… A l’entrée du Lycée, Julie s’exclama, comme si elle avait oublié  de me dire quelque chose de très important !

-Au fait, Solène, il faut absolument que tu viennes voir !

Curieuse, je lui demandai.

-Que se passe-t-il ?

Julie ne répondit pas. Elle me prit violemment par le bras ; je faillis perdre l'équilibre et tomber. Heureusement, je m'étais rattrapée au dernier moment. Elle m'emmena dans une rue voisine où il y avait quelques magasins et s'arrêta devant une petite boutique.

Julie montra du doigt une boîte de jeu vidéo pc intitulée "World Darkness" qui voulait dire "Les ténèbres du monde". Rien que le titre me faisait envie d'y jouer ! Julie et moi avions la même idée : l’acheter. Nous entrâmes donc dans le magasin pour demander au vendeur quel était le prix du jeu ; j'emportais toujours un peu d'argent de poche avec moi pour les occasions comme celles-là. Le vendeur se mit à rire, ne me demandez pas pourquoi ! Il avait dû trop boire avant de venir travailler... Je reposai donc la question. Il nous répondit enfin.

-Vous savez... Ce jeu n'est pas à vendre...

J'ouvris grand mes yeux. Ce jeu, pas à vendre ?! Ah si, quand je voulais quelque chose, je l'avais ! Julie parut  désespérée et me fit signe qu'elle partait. Quand elle eut quittée la boutique, je me tournai vers le vendeur avec un air de chien battu. Je savais très bien les faire. Il rigola à nouveau en me faisant comprendre que ce n'était pas la peine d’insister, que je ne l'aurai pas. Mais j'insistai tellement qu'il finit par céder.

-Tu sais, ce jeu est dangereux ! Il faut prendre de grandes précautions... Quel âge as-tu ?

Je lui répondis.

-16 ans ! J'ai l'âge de jouer à ce jeu !

À mon grand espoir, il soupira.

-Bon... Tu peux prendre celui dans la vitrine. Lis bien le mode d'emploi et fais attention à toi !

Là, je pris un temps d'hésitation... Le vendeur me faisait peur, surtout quand il avait dit de faire très attention... De plus, il avait l'air en même temps inquiet et heureux de s'en débarrasser... Mais bon, je m'en fichai complètement ! Tant que j'avais le jeu, tout allait bien !

Je pris donc la boite entre mes mains et la posai sur le comptoir du vendeur. Il me dit un prix très raisonnable : dix euros. Je ne m'attendais pas du tout à ça, il aurait pu très bien en profiter pour me faire payer plus cher. Mais autant en profiter et ne rien dire. Au moment où j'allais quitter le magasin, le vendeur m'expliqua que si ce jeu ne me plaisait pas, il fallait que je le lui rende obligatoirement. J'hochai la tête puis je sortis de cet endroit pour rentrer chez moi.

~~~

Arrivée dans mon salon Je montai dans ma chambre et allumai mon ordinateur, impatiente d'essayer ce jeu. J’insérai donc le CD, après l'avoir sorti de sa boite, dans l'ordinateur et cliquai sur un beau logo dont l'image était une affreuse tête de mort enflammée...  Le réalisme était si poussé qu'on avait l'impression qu'elle brûlait vraiment. D'un regard très concentré, je fixai mon ordinateur en m'imaginant ce que pouvait être ce jeu. Après quelques secondes d'attente, mon écran devint noir puis un bouton "Commencer" en lettres rouges s'afficha. Je cliquai dessus. Soudain, mon ordinateur vibra férocement. Il fit un bruit effroyable que je ne pouvais décrire. Je m'inquiétai beaucoup et pris le mode d'emploi. Je le feuilletai jusqu'à trouver le bon paragraphe.

"Quand vous cliquerez sur le bouton 'Commencer' votre ordinateur commencera à charger et vous ressentirez des picotements tout le long de votre corps. Ne vous inquiétez pas, le jeu vous examine seulement. Il regarde quelles capacités vous avez, votre physique, vos émotions... Cela durera à peine deux minutes. Quand ce sera fini, il vous faudra..."

J'arrêtai brusquement ma lecture ; je commençai bel et bien à ressentir des picotements. Je frissonnai, non à cause de ça, mais à cause de la phrase " Le jeu vous examine, il regarde quelles capacités vous avez, votre physique, vos émotions.... "
Qu'est ce que tout cela voulait dire ?

Enfin, les picotements cessèrent. Une image s'afficha à l'écran, je pouvais commencer à jouer ! C'était un magnifique paysage en trois dimensions.... Mais le personnage avait quelque chose d'étrange.  Je fis un cri d’exclamation après l'avoir mieux examiné. Le personnage que je devais contrôler était exactement comme moi. Cheveux bruns lisses et très longs, yeux verts… Mais il avait des habits de paysan, c’était horrible ! Je regardai dans le mode d’emploi ce qu'il fallait que je fasse.

"Pour faire avancer votre personnage, utilisez la souris. Pour le faire sauter, cliquez sur le bouton droit. Pour le faire attaquer, appuyez sur ctrl. Pour utilisez votre magie, appuyez sur la touche Z. Tant que vous n’êtes pas au niveau 10 : faites attention aux loups qui peuvent vous attaquer à plusieurs et surtout... Faites très attention à la tribu des Altirys qui est votre ennemie. Faites attention à ne pas glisser sur le sang des monstres que vous avez tués…"

Je sursautai à la dernière phrase. Je ne savais pas s’il fallait avoir peur ou éclater de rire. Je fis les deux. Mais je me calmai lorsqu'une voix résonna dans l'ordinateur. Celle-ci était rauque mais rassurante. Elle devait être là pour me donner les instructions. Je l’écoutai donc de mes deux oreilles.

-Bonjour à toi, nouvelle combattante de World Darkness ! Je m’appelle Péraulas, je suis le chef de la tribu des Inorays, ta tribu ! Je suis là pour t’expliquer ta mission et donc, pour t’apprendre à jouer. Tu as lu le mode d’emploi ? Tu dois connaître les règles alors ? Essaies d’avancer un peu…

Je touchai la souris de ma main droite et la fit bouger. Le personnage bougea sous l'ordre de ma souris. La voix me fit faire d'autres entraînements comme celui-là et je commençai enfin à comprendre le but de cette partie. Elle me raconta même, l'histoire de ce jeu.

"Il y a bien longtemps, une dizaine d’hommes et de femmes venaient de fonder une tribu, les Orsérys. Mais, il leur fallait un chef et personne n’étaient d’accord. Ils avaient donc décidé de voter. Mais hélas, dix est un nombre pair et deux hommes étaient Ex æquo ! Ils refirent plusieurs fois les votes mais les deux hommes restèrent Ex æquo... Alors ils commencèrent à se disputer puis ils décidèrent de partager la tribu en deux.  L’une s’appellerait Inorays, l’autre Altirys. Mais les deux chefs n'étaient pas encore satisfaits. Ils voulaient tous deux, contrôler la tribu adverse. Depuis ce jour, le monde est gouverné par les lois de la guerre. "

J’étais comme emportée par son histoire. Sur l’écran je voyais la vidéo qui montrait l’histoire des deux tribus. Je ne savais plus quoi penser… Si. Ce jeu était vraiment super ! J’avais hâte de commencer à jouer ! Mais... Je trouvais ça bizarre que l'histoire soit racontée de cette manière par... Péraulas ! Normalement, il aurait dû dire "Mais on n'était pas satisfait." Car il était le chef de la tribu "Inorays"... C'était étrange... Ou peut être une erreur du jeu que personne n'avait remarqué.

La voix se montra enfin. C’était un vieil homme avec une cape jaune et une sorte de longue tunique blanche. Il avançait vers une cabane. Je le suivis avec mon personnage. Ce jeu était vraiment bien fait. Je venais d’y être accroc !

Je regardai enfin l'heure. Oh mince, 22h40 ! Et je n’avais même pas mangé ! Vite, je quittai le jeu et descendis en dégringolant les escaliers pour me diriger vers la cuisine. J’ouvris les placards et me préparai des spaghettis. Quand j’eus mangé, j’eus une très grande envie de jouer à mon jeu mais me retins. Le lendemain, j’avais cours . Je devais aller me coucher. Je me dirigeai donc vers ma chambre, me mis en pyjama, et me laissai tomber sur mon lit. J’étais à peine fatiguée mais assez pour m’endormir cinq minutes après.

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